” Chacun de nous est responsable de ce qu'il fait et des autres, et je ne cesserai jamais de dénoncer des comportements criminels tout en proposant des solutions alternatives ”
Georges TOUTAIN
Pourquoi les angiospermes sont-ils subitement devenus sensibles aux maladies vers 1960 ? Et depuis, on nous dit ”il faut traiter !”
Georges TOUTAIN raconte qu'à la fin de la seconde guerre mondiale, l'industrie militaire américaine a libéré un surplus de nitrates conséquant. A l'époque, les Américains nous ont expliqué qu'il fallait mettre des dopants et notamment de l'azote, pour augmenter les rendements agricoles. Et c'est ainsi qu'on a poussé les gens à faire de l'agriculture chimique afin de faire face aux besoins d'une population alors en plein essor.
Seulement voilà : les plantes sont tout à coup devenues sensibles aux maladies et aux ravageurs. Qu'à cela ne tienne ! La riposte de l'homme ne s'est pas faite attendre sous la forme de pesticides, pour pallier ce problème, puisqu'il fallait bien continuer à assurer de bons rendements.
Et pourtant, au bout d'une décennie, force est de constater que les rendements battent de l'aile. Dès 1974, le directeur de l'INRA signale un tassement des productions (Rapport Jacques POLY, Directeur de l'INRA, 1978). Et effectivement, on note une stagnation des rendements dès les annés 80. Pire, vers les années 90, on constate même une baisse des rendements.
Parallèlement, l'arboriculture fruitière européenne subit une régression des surfaces de vergers hautes tiges après la seconde guerre mondiale, enchaîne Georges TOUTAIN. Cette diminution s'est faite au profit de plantations intensives, irriguées, à mode de conduite raisonnée chimiquement. Cette arboriculture intensive implique un nombre ahurissant de traitements chimiques, préjudiciables à l'environnement naturel et à la santé de tous les êtres vivants. Ainsi, les enquêtes des services statistiques du Minitère de l'Agriculture dénombrent une moyenne de 27 traitements chimiques phytosanitaires par campagne annuelle.
Source : Agreste, ”Enquêtes sur la structure des vergers 1992 et 1997”
En outre, cette évolution de l'arboriculture a contribué à une forte standardisation des produits et à une importante réduction du nombre de variétés de fruitiers, ceci au détriment de la biodiversité sécuritaire et adaptative aux milieux.
Pour illustrer ses propos, Georges TOUTAIN cite l'exemple du Verger Conservatoire de l'INRA de Versailles qui, en 1944, possédait encore plus de 2 000 variétés de pommiers à cidre de tous les vergers de France. Après le déménagement du verger à Angers (région angevine réputée pour être cidricole ! ironise Georges TOUTAIN), ce matériel génétique riche a été perdu en grande partie, puisqu'il ne reste désormais plus que 200 variétés en verger conservatoire à Angers.
Pour évaluer la toxicité des substances actives employées dans les traitements en arboriculture fruitière, Georges TOUTAIN propose de s'appuyer sur les données de l'index phytosanitaire.
Pour calculer la capacité à tuer des rats à l'hectare, il divise la dose de substances actives en mg, par la dose létale ”DL 50”, soit l'unité conventionnelle de la toxicité représentant la dose requise pour tuer, au bout de 24 heures, 50% de la population des animaux auquels elle est administrée (la référence étant le rat de 1 Kg). Cela permet d'avoir des normes un peu plus éclairantes sur la dangerosité des pesticides.
” Pour faire capoter le système, il faut prendre en main sa production personnelle ”
Georges TOUTAIN
Dans son document ”Les agricultures et horticultures raisonnées chimiquement dans l'impasse - Georges TOUTAIN 2001”, l'agro-écologiste fournit un tableau de produits insecticides utilisés pour lutter contre les ravageurs comme le carpocapse et les pucerons.
Ce tableau précise entre autre, pour chaque insecticide analysé, les risques encourus, les résidus toxiques dans les fruits. On y note qu'avec certains produits systémiques, 3 traitements tuent potentiellement plus d'un rat au mètre carré ...